السبت، 12 ديسمبر 2020

مقابلة مع مصطفى صفوان (بالفرنسية)

 



Grand entretien avec Moustapha Safouan

par Michel Plon et Tiphaine Samoyault

 

Dans le sillage de son grand livre sur la psychanalyse, publié en 2013 aux éditions Thierry Marchaisse et repris en « Folio » en 2017, La Psychanalyse: Science, thérapie – et cause, Moustapha Safouan a répondu aux questions d’En attendant Nadeau sur sa pensée et son expérience de l’analyse.

 

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/05/09/grand-entretien-safouan/

 

Né en 1921 à Alexandrie, Moustapha Safouan a quitté l’Égypte à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour faire des études à Paris. Disciple de Lacan, avec qui il a commencé une analyse de contrôle en 1949, il a écrit depuis cette époque près d’une quinzaine d’ouvrages traitant aussi bien de questions théoriques – l’Œdipe, la castration, la fonction paternelle – que de questions techniques portant sur le transfert, la transmission et la formation des analystes.

Au sein de cette production, retenons La sexualité féminine dans la doctrine freudienne (Seuil, 1976), Jacques Lacan et la question de la formation des analystes (Seuil, 1983), La Parole ou la Mort (Seuil, 1996 ; édition revue, 2010) et l’important Pourquoi le monde arabe n’est pas libre : Politique de l’écriture et terrorisme religieux, qu’il a écrit en anglais et qui a été publié par Denoël en 2008. L’histoire de la traversée des langues que ce livre raconte est fascinante : les textes ont été écrits en arabe (mais pour moitié en arabe classique et pour l’autre en arabe égyptien), puis repris et auto-traduits en anglais, et traduits par d’autres en français, mais encore une fois repris et avec une nouvelle préface.

Cela donne une idée du texte comme étant une production jamais définitive, toujours à reprendre, toujours en voyage, qui est un éloge de la mobilité de la pensée, à l’inverse de la pensée arrêtée ou systématique. La traduction, la reprise, sont aussi des manières de lutter contre la domination. Car Moustapha Safouan est aussi traducteur : il a notamment traduit en arabe L’interprétation des rêves de Freud et en démotique égyptien Othello de Shakespeare. On peut dire de Moustapha Safouan qu’il est, terme qui peut paraître un peu désuet aujourd’hui, un lettré possédant dans diverses langues – l’arabe, le français et l’anglais – une immense culture psychanalytique et philosophique. Il a reçu chez lui, rue Guénégaud, Michel Plon et Tiphaine Samoyault, qui l’ont invité à reprendre tous ces thèmes.


Moustapha Safouan

Michel Plon : J’aimerais commencer par une question très générale. Où en est selon vous la psychanalyse aujourd’hui, aussi bien dans le monde qu’en France ? À la fin de votre livre sur la psychanalyse paru en 2013, vous semblez penser que, du point de vue de la théorie, cette histoire est terminée.

La psychanalyse, c’est l’histoire du complexe d’Œdipe et l’histoire du complexe d’Œdipe, c’est l’histoire de la famille. J’ai en projet un livre sur les avatars du complexe d’Œdipe, liés à l’évolution historique de la famille. On peut dire que dans le milieu des chasseurs-cueilleurs, la famille était non problématique : le fils voyait devant lui que son père était vraiment le signifiant du désir maternel et il s’apprêtait à vivre selon la même méthode. Avec la révolution agricole, naît le patriarcat, qui entraîne en quelque sorte la deuxième naissance de l’Homo erectus : au lieu de dépendre de ce que la terre donne, on produit cette terre. La justice romaine, par exemple, s’arrête à la porte de la maison. À l’intérieur, c’est la loi du patriarche. Et si le patriarcat n’a pas été une folie (car c’est une folie que de remettre un tel pouvoir, la loi, à quelques-uns), c’est parce qu’on a bâti, à côté de la maison, le temple. On a imposé le tiers devant lequel nous sommes tous égaux. Dans ce contexte, l’Œdipe a très bien marché puisqu’un fils, quelle que soit la tension entre lui et son père, devient le gardien de l’histoire et du nom de l’ancêtre, avec la protection également de l’égalité devant Dieu.

Les choses ont changé avec la révolution industrielle : d’abord, le père n’a presque plus rien eu à transmettre, la maison a cessé d’être un atelier, la mère a commencé à travailler dans les usines, la famille s’est coupée des sociétés. Le cadre de la famille n’a plus été le social mais l’État, or l’État limite l’autorité parentale. Ce vide absolu a entraîné la vogue des psychanalystes. Nous sommes venus pour remplir ce vide. À ce moment-là, comme la famille s’est vue composée d’individus qui n’avaient plus rien en commun (ni croyance commune, ni transmission), la tension entre le père et le fils a éclaté. L’histoire de la faillite des pères a éclaté d’une façon inimaginable avec les destructions du XXe siècle. Les camps, le génocide : les enfants ont vu des choses qu’on n’aurait jamais pu imaginer.

On a trouvé le complexe d’Œdipe – c’est la découverte de Freud – quand le père était encore là, mais il n’aura pas lui-même duré bien longtemps. De ce point de vue, nous sommes donc à la fin de la psychanalyse.


« Œdipe et le sphinx » de François Xavier Fabre (1808)

Tiphaine Samoyault : Parce que, pour vous, la fin du complexe d’Œdipe c’est la fin de la psychanalyse ?

En tout cas, c’est la fin de ce à quoi l’analyse avait affaire jusqu’à présent, aussi bien du point de vue thérapeutique que du point de vue didactique : dans tous les cas, on avait affaire à des analyses d’œdipes échoués, à des cas où la normalisation œdipienne avait raté, pour des raisons plus ou moins graves…

Michel Plon : À la fin du livre, vous laissez entendre avec un soupçon d’ironie que la théorie, elle, demeurera, comme faisant partie du patrimoine de la pensée, mais qu’en ce qui concerne la pratique c’est une autre affaire

Ce qui reste, ça aura été quand ça passera (mot de Lacan), c’est en effet la théorie et celle qui a mis l’accent sur le parlêtre. Lacan a transformé radicalement le complexe d’Œdipe en définissant le désir par le désir de l’Autre et en faisant de l’Autre un lieu du langage, dont la mère est la première à occuper la place.

Tiphaine Samoyault : L’importance du parlêtre nous conduit à la question de la langue et à celle de la traduction. Vous avez traduit vers l’arabe classique L’interprétation des rêves de Freud. Comment la langue arabe s’ouvre-t-elle au mode de pensée de la psychanalyse ?

Ce sont les circonstances, avec ce qu’elles comportent de surprise et d’inattendu, qui m’ont conduit à traduire ce livre. Je rentrais pour des vacances en Égypte en décembre 1953. C’était juste après la première séance de la Société française de psychanalyse (SFP), après la division. Avant, j’avais assisté à tout le drame de cette division et de cette séparation d’avec la Société psychanalytique de Paris (SPP). Lacan avait son premier séminaire à Sainte-Anne. Je me rendais donc en Égypte pour retravailler et ce fut le coup d’État de Nasser, qui a rendu tout travail impossible car on ne pouvait même pas acheter un livre et, en outre, il n’y avait plus de visa de sortie. Le seul moyen pour sortir était de travailler à l’Université pendant cinq ans, ce qui devait me donner le droit à un congé d’études me permettant d’obtenir ce visa de sortie. Alors j’ai profité des cinq ans que j’avais devant moi pour traduire Freud. Greimas était en Égypte et partageait avec Charles Singevin un véritable intérêt pour la psychanalyse et pour les écrits de Lacan sur le langage. Nous avons donc constitué un groupe, auquel participait aussi Hilde Zaloscher, une historienne yougoslave, spécialiste de l’art chrétien en Égypte, en particulier des portraits du Fayoum. Elle avait fait ses études à l’université de Vienne, elle était allée chez Freud, et elle m’a beaucoup aidé pour la langue, notamment pour comprendre certaines expressions très courantes de Freud. Et puis, grâce à elle, j’ai compris un rythme, celui de l’allemand qui coule comme de l’eau de source. J’ai commencé à traduire en voulant atteindre la même fluidité en arabe. Pour cela, je testais dans le salon que tenait mon père les histoires que racontait Freud, exposant par exemple l’histoire de l’homme qui vous donne des bouteilles et qui vous empoisonne avec, et, si je voyais rire les amis de mon père disant : « c’est exactement comme chez nous », alors je savais que j’avais atteint mon but.


Jacques Lacan

C’est le livre le plus vendu en arabe, de Beyrouth au Maroc. Mais je n’ai pas touché un sou. Il a été publié par la Maison de la Connaissance Dar al-Maaref, fondée par les chrétiens maronites au Liban, qui ont fait les premiers grands dictionnaires modernes. J’avais envoyé un mot à Anna Freud pour lui dire que le texte était enfin disponible en langue arabe. La seule réaction qu’elle a eue a été de demander à la Hogarth Press de réclamer des droits à l’éditeur. L’Égypte ne faisait pas partie d’un accord global sur le droit d’auteur !

Michel Plon : Anna Freud ne vous a jamais répondu personnellement ?

Non c’est le seul écho que j’ai eu d’elle ! Pour revenir sur cette traduction, je dirais que je n’ai pas rencontré de problème de style ou de vocabulaire, mais que tout était une question de ton car chaque histoire a son ton dans L’interprétation des rêves. Il y a beaucoup d’éléments concrets sur lesquels on doit s’appuyer. La seule difficulté, ce fut pour traduire le terme « identification » : il a fallu inventer le mot en arabe. Depuis la traduction de ce livre, beaucoup de psychologues ont entrepris de faire un vocabulaire arabe de la psychanalyse. Mais moi, lorsque je traduisais, il n’y avait rien.

Le mot « conscience » n’existe pas en arabe, pas plus, dès lors, qu’« inconscient ». On a utilisé un mot qui veut plutôt dire « sentiment ». Ma solution fut de faire des notes expliquant les termes qui n’existaient pas en arabe. Mais c’est surtout ces deux mots-là qui manquaient, et toute la gamme des termes forgés autour de « conscience » : conscience de soi, inconscient… À la vérité, le mot même de sujet n’existe pas en arabe. Sauf pour l’analyse grammaticale, mais on utilise un mot qui veut dire « le premier de la phrase ». « Le premier » n’est pas le « sujet ». J’ai pris le mot qui veut dire « un tel », ou « le même ».


Alexandrie, où est né Moustapha Safouan en 1921.

Tiphaine Samoyault : Aviez-vous lu Freud pendant vos études ? Dans quelle langue ?

J’ai toujours vécu dans un milieu très littéraire : on était noyés dans les lettres. Le milieu de mon père était extrêmement spirituel. Comme lui, ses amis étaient passionnés par les grandes œuvres de la littérature arabe classique, sans doute en réaction à l’occupation anglaise. Mais ils étaient très ouverts aux sciences européennes, en particulier celles qui étaient nouvelles. Ce qui caractérisait aussi ces êtres, c’était moins l’érudition que la créativité qu’ils manifestaient avec leurs bons mots. Cette époque a d’ailleurs été désignée par un vocable assez difficile à traduire (‘asr alzorafaa) qui cumule les deux sens de « lettré » et de « lutin ». Un jour (j’avais entre dix et douze ans), un des amis de mon père a ouvert son parapluie en plein soleil. Un autre a manifesté son approbation par un mot qui a déclenché des rires bruyants. Je n’en comprenais pas la raison jusqu’à ce que je me rende compte que le vocable renvoyait à une racine de trois consonnes qui, en arabe dialectal, conjuguait les sens d’ombre et de faute. Il disait un remerciement ambigu : pour donner de l’ombre et aussi pour nous avoir égarés. Mon éducation a été ainsi très marquée par le mot d’esprit et par le double sens. On avait des traducteurs inouïs à l’époque. Ensuite, le régime de Nasser a muselé cette classe intellectuelle et spirituelle.

Tiphaine Samoyault : Dans Pourquoi le monde arabe n’est pas libre, vous décrivez les mécanismes de la domination. Vous montrez que si le monde arabe n’est pas libre, c’est qu’il est doublement contraint : par la dichotomie entre langue classique, écriture, et langue vernaculaire, qui rend difficile, voire impossible, l’accès des non-lettrés à la culture religieuse et lettrée ; et par la domination occidentale, comme vous l’expliquez très bien dans la préface à la traduction du Discours de la servitude volontaire de La Boétie, « Les facteurs de la domination occidentale », texte repris comme premier chapitre de Pourquoi le monde arabe n’est pas libre. Voyez-vous l’oppression au cœur de la langue ou bien sont-ce des usages de la langue qui asservissent selon vous ?

Je ne vois pas en quoi la langue serait oppressive. C’est l’appropriation de la langue qui l’est. Avec l’islam, la coupure de l’écriture s’est aggravée. À l’époque des pharaons, on écrivait la langue qu’on parlait. Mais avec l’islam, on ne se mit à écrire que la langue du Coran et on cessa d’écrire la langue qu’on parlait. La langue a été sanctifiée. Aujourd’hui, aucun régime arabe (de l’Arabie saoudite au Maroc) n’acceptera jamais d’enseigner l’arabe parlé : seule la langue de Dieu a une grammaire. Du même coup, cela assure le pouvoir politique, ce qui arrange bien l’Occident. En Égypte, nous sommes un peuple où peu de gens savent lire un journal mais où domine la fatuité de l’esprit religieux. Un Libyen m’a dit un jour : « Quelle merveille, Dieu a fait faire tout ça (les avions, les machines à laver, les maisons…) pour que nous en ayons la jouissance… »


« Othello et Desdémone à Venise » par Théodore Chasseriau (1850)

Michel Plon : Tu as aussi traduit vers l’arabe vernaculaire égyptien Othello. Qu’est-ce que cette traversée des langues apporte à ton travail analytique ? Pourquoi as-tu choisi Othello ? Ce choix peut nous conduire à la question de la femme et de la féminité : sur le versant culturel, la femme dans le monde arabe, et sur le versant de la psychanalyse, ce qu’il en est de la sexualité féminine et au-delà.

J’ai sans doute choisi Othello parce que le personnage est arabe et porte un nom arabe. Le thème me paraît en outre plus facile à suivre que ceux des pièces historiques de Shakespeare. Hamlet évoque un univers culturel trop différent. Je voulais traduire Othello dans une langue vulgaire pour donner la preuve qu’on peut faire une littérature de cette langue-là, qu’elle n’est pas faite que pour injurier les voisins ! Le résultat a été un désastre parce que personne ne lit dans ce pays. Le livre ne s’est pas vendu. La pièce a été jouée, mais la scène de mariage a été jouée avec des danses du ventre, etc., de façon tout à fait ridicule.

La place de la femme, la question de la jalousie, sont aussi ce qui m’a intéressé dans cette pièce. En Égypte, depuis les années 1920, la femme (la femme bourgeoise) a commencé à sortir de la maison. Nawal el Saadawi a introduit le mouvement féministe, mais elle a rencontré des résistances pour former un véritable mouvement car les Égyptiens n’ont pas de tradition du travail en commun. L’étatisme empêche de travailler ensemble. Mais elle a eu quand même beaucoup d’influence. À l’heure actuelle, on voit des femmes dans tous les services. Il y a eu une émancipation, mais qui ne touche qu’une seule classe, la plus occidentalisée. À la campagne, même si la femme a toujours travaillé, la séparation s’est maintenue entre les hommes et les femmes. Cela s’est accentué avec l’augmentation du chômage. Sur le plan sexuel, c’est certainement une société narcissique ; le harcèlement sexuel existe très largement dans ce pays. Il doit y avoir une différence énorme entre Égypte et Liban. Le Liban est plus prospère, il y a moins de chômeurs, plus d’éducation, l’esprit de la ville domine. En Égypte, les choses sont plus violentes, ce qui est dû à une certaine ignorance culturelle et au chômage.

Michel Plon : Mais en France ? Qu’en est-il des mutations de la famille et des défis qu’elles posent ? Comment la psychanalyse se positionne-t-elle aujourd’hui par rapport à ces mutation sociales, à la question du couple homosexuel, à celle de l’adoption par ces couples ? Vous savez comme moi combien cette question fait débat dans le milieu psychanalytique mais, en même temps, c’est un débat clôturé, fermé.

Ce qui change, c’est que ce qui s’appelle la main invisible du marché a englobé l’enfant. L’enfant est devenu un objet mercantile. Vous achetez le sperme, les ovules, la mère porteuse… Cette industrie, qui pèse déjà lourd dans le marché mondial, transforme les enjeux de l’analyse (et la justice aussi), elle transforme tout ce qui fait la culture. On pourrait dire qu’il n’y a qu’une seule chose dans laquelle la culture n’est pour rien : c’est que l’enfant vient du ventre de sa mère. La reconnaissance par le père, c’est l’esprit même de la culture. Quand le père devient démontrable biologiquement, on quitte la sphère de la reconnaissance, donc on transforme profondément la culture. Le juge lui-même ne sait plus qui est le père : est-ce celui qui a reconnu l’enfant ou celui qui est démontré biologiquement ?

Michel Plon : Les psychanalystes prennent-ils la mesure de cette transformation ?

Non, ils font silence là-dessus. Ils continuent comme si le monde extérieur n’avait pas changé depuis Freud. Il y a un débat très sourd entre ceux qui disent qu’il faut étudier les transformations sociales et ceux qui disent que rien n’a changé. Le seul qui a fait attention, ne serait-ce qu’aux phénomènes de la modification des demandes faites aux analystes, c’est André Green. On ne s’adresse plus seulement à nous pour des névroses, des phobies, des obsessions, des hystéries, mais pour des états borderline, comme l’homme aux loups, c’est-à-dire des analysants ou des analysantes susceptibles de traverser une crise psychotique au cours de l’analyse.


Le cabinet de Jacques Lacan

J’ai d’ailleurs une théorie là-dessus : dans l’état borderline, il n’y a pas forclusion du nom du père, mais forclusion de la métaphore paternelle, ce qui fait qu’il n’y a pas le manque de l’intégration de l’ordre symbolique. À l’âge de l’Œdipe, le père de l’homme aux loups était un mélancolique, un absent ; il ne pouvait donc pas travailler comme signifiant du désir maternel. C’est ma théorie sur le borderline

L’insouciance de certains psychanalystes que vous pointez me paraît parfaitement juste. Sous prétexte que les structures ne changent pas, que les névroses, psychoses ou perversions ne changent pas, il ne serait pas nécessaire de prendre en compte les changements du monde. Comme nous sommes tous les enfants de la même époque, est-ce que les analystes eux-mêmes ne sont pas borderline en grande partie ?

Michel Plon : Dans votre livre, un point qui peut apparaître très technique, mais qui à mon avis n’est pas seulement technique : vous dites qu’il n’y a pas de fin de l’analyse.

Quand il y a un travail, on doit bien penser qu’il va quelque part. Mais vers quoi ? Les avis sont partagés. Pour Melanie Klein, cela va vers l’assomption de la séparation. Lacan, à cette occasion, a fait une distinction entre la dépression symptôme et le deuil authentique. Il peut y avoir aussi le fait d’assumer l’être pour la mort, mais finalement la fin est quand même la castration symbolique, et pour arriver là il faut traverser quelque chose qui s’appelle le fantasme fondamental. Selon l’analysant, selon son histoire, tel aspect dominera. Une autre fin peut être encore la chute du sujet supposé savoir, la chute de celui dont j’imagine qu’il va me dire ce que je suis. Donc il y a bien des fins, mais l’idée de mener son analyse jusqu’à sa fin est une fausse question. On peut d’ailleurs compter sur les doigts de la main les cas où l’on peut dire qu’il y a eu assomption de l’être pour la mort ou traversée du fantasme fondamental.

Michel Plon : Qu’en est-il aujourd’hui de la passe, cette procédure inventée par Lacan et qu’il reconnut par la suite être un échec ? Quelle est votre position sur le devenir de cette procédure ?

L’idée de Lacan avec la passe était de sortir définitivement du conflit né en 1926 autour de la question de l’analyse profane, l’analyse pratiquée par des non-médecins. Pour Lacan, la scientificité de la psychanalyse était un horizon et la passe un moyen d’y accéder : la passe était une réponse psychanalytique à la question de la formation des analystes et donc à celle de la transmission. La psychanalyse didactique par laquelle s’effectue la transmission ne relève d’aucun diplôme, d’aucune formalité institutionnelle extérieure à la psychanalyse. Lacan voulait que la psychanalyse soit bien distinguée d’une quelconque forme de sacerdoce, d’où l’introduction qu’il fit de la dimension du désir, le désir de l’analyste comme point d’aboutissement de la didactique et donc différent du désir d’être analyste que peut manifester un sujet au début d’une analyse. Lacan fut le premier à percevoir que le désir de l’analyste relève de l’ordre de la vérité. En juillet 1978, Lacan a tiré la leçon de l’expérience de la passe en déclarant que la psychanalyse est intransmissible. La mise en œuvre de la passe dans le cadre de l’EFP [École freudienne de Paris de Psychanalyse] entre 1968 et 1980 n’a pas donné une quelconque élaboration du savoir : le bilan a été nul, d’où le verdict de Lacan que la passe était « un échec ». La passe n’a apporté aucune réponse quant aux raisons qui pouvaient pousser un analysant à exercer ce « métier impossible » qu’est la psychanalyse, d’où cette autre conclusion de Lacan selon laquelle la passe n’a rien à faire avec la psychanalyse. L’idée ne rimait à rien car, dans une analyse, il s’agissait de finir le travail que l’échec de la normalisation au début laissait en chantier. Parce que ce qui fait les névroses, c’est quand même que l’objectivation nuit au sujet. Je veux dire qu’on peut faire un travail sur le malheur pesant qu’entraînent les tentations du don, avec tout ce que comprend le fait de se méprendre. On cherche à modifier le mode d’existence d’un sujet, à pouvoir le faire exister pour qu’il n’ait pas de pouvoir sur le désir de l’autre.


Mélanie Klein (1945)

Tiphaine Samoyault : Ce qu’Othello ne comprend pas…

Au regard du désir, le don apparaît toujours comme mesurable et intéressé, il paraît petit confronté au désir. Othello est possédé par une névrose de possession et de contrôle absolu. De celui qui refuse que le désir soit un don.

Tiphaine Samoyault : Une des manières de lutter contre le rationalisme réducteur peut être encore une fois le recours à d’autres langues. Vous intégrez des termes arabes dans votre discours sur la psychanalyse. Par exemple, vous dites la force d’un terme comme al-mourid en arabe qui veut dire le disciple et qui signifie littéralement le « désirant » ou le « voulant ». Pensez-vous que des termes arabes pourraient modifier la langue de la raison, qu’ils seraient utiles pour penser autrement ?

L’élève, l’étudiant, c’est en effet celui qui veut. Cela se dit surtout quand on s’adresse à un maître. « Al-mourid », c’est ce que j’étais pour Lacan. Je me suis intéressé à la langue et aux langues. Quand j’ai quitté l’Égypte, je voulais aller à Cambridge pour rencontrer Wittgenstein. Mais je suis venu à Paris, je suis tombé névrosé ici à Paris car je n’avais pas de rapports de proximité avec les professeurs. Ma chance a été d’aller en analyse chez Marc Schlumberger. J’étais ami avec un Égyptien qui voulait écrire une thèse sur le langage chez Husserl. Grâce à lui, j’ai côtoyé Bachelard, qui a parlé un jour d’un jeune psychologue n’ayant pas la réputation qu’il méritait (Lacan). Je suis alors allé à la Société psychanalytique de Paris, en 1947, et Lacan m’a tout de suite intéressé car il était le seul qui parlait de langage ; il parlait de la parole, ce qui fait que j’ai commencé à penser qu’il y avait quelque chose à faire en France. Dans le monde anglo-saxon, on parlait du langage mais pas de la parole. Je lui ai demandé un contrôle. Il m’a demandé de parler de ma provenance, et lorsque je lui ai dit que quand j’étais né mon père était en prison, il a dit, de façon très sympathique : « alors vous avez été élevé par des femmes ! » Je lui ai dit non, j’avais un troupeau d’oncles !

De tous, c’est de lui que j’ai reçu le plus. Pour lui, tout ce qui s’appelle différence, quelle que soit sa place sociale, est intéressant. Chacun n’a que le poids que lui donne sa parole. On n’avait, de part et d’autre, aucune thèse à défendre.

Michel Plon : Est-ce qu’à la fin de sa vie il n’a pas été enfermé dans les difficultés de son école ?

Oui, c’est sûr. Il voulait des psychanalystes sauvés de la psychologie ou du comportementalisme, il était devenu militant. Or on ne peut pas être psychanalyste et militant. On ne peut pas mener une analyse tout en ayant le désir affiché de quelque chose. Il a été victime de ce dont il avait fait une cause. Son rêve d’une école purement psychanalytique échappant aux effets institutionnels, aux luttes de pouvoir, à tous les effets de prestance, s’est révélé être effectivement un rêve : il a été tenté d’affirmer par divers moyens un pouvoir, une autorité autre que celle que lui donnaient son œuvre et son enseignement, et cela a suscité des résistances, des luttes internes. Sans doute y a-t-il un lien entre cet échec-là et ce qui fait suite à la dissolution de l’École, à savoir une division incessante entre groupes, associations, écoles, dont les membres se réunissent invariablement autour d’un guide, d’un chef censé les guider vers on ne sait quel paradis.

 


الجمعة، 11 ديسمبر 2020

مابعد الحداثة؛ علي وطفة.

 



نقد الحداثة:

(علي وطفة)

(الجزء الثاني من مقالة عن الحداثة ومابعد الحداثة)


علماء الاجتماع استطاعوا عبر رؤاهم النقدية أن يكتشفوا مسالب الحداثة ومخاطرها ولكنهم مع ذلك كانوا يرجحون الجوانب الإيجابية لهذه الحداثة على مضامينها السلبية.

لم تستطع الحداثة بنزعتها العقلانية ومغامراتها العلمية أن تحقق الغايات التي كانت في أصل وجودها. إن مأساة الحداثة كما يقول تورين “أنها تطورت ضد ذاتها[39]. وهذا يعني أنها وجدت من أجل تحرير الإنسان ولكنها وفي سياق تطورها وضعته في أقفاص عبودية جديدة هي عبودية العقل والعقلانية، لقد أصبحت الذات الإنسانية في سياق هذا التطور موضعا للعلم والعقلانية، وتم استلاب هذه الذات من مقومات وجودها الإنسانية.

لقد أعلن جان جاك روسو J.J.Rousseau (1712-1778) زعيم النزعة الطبيعية، في القرن الثامن عشر، عن مسالب الحداثة ومخاطر العقلانية الصارمة التي اجتاحت العمق الإنساني واستلبت المشاعر السامية للإنسان. وقد أكد هذه الملاحظات في مختلف أعماله بدءا من العقد الاجتماعي Le contrat social  وانتهاء بكتابه إميل  Emile.

يهاجم روسو بشدة التقدم العلمي الذي أدى إلى تشويه الجانب الإنساني في الإنسان، ونادى بإصلاح التربية والقيم والمؤسسات السياسية والدين من أجل الإنسان في أعمق مضامينه الإنسانية. وإذا كان الإنسان اليوم يحتل مكانا مركزيا في دائرة تصوراتنا فإن هذا يعود بالدرجة الأولى إلى روسو. وعلى أساس ذلك يقول كانط إن “روسو هو نيوتن العالم الأخلاقي[40]. ففي رسالتيه المشهورتينمقالة في العلوم والفنون Le discours sur les sciences et les arts، ومن ثم مقالته في أصل اللامساواة بين البشر Discours sur l’origine de l’inégalité يؤكد روسو على أن الحضارة المادية العقلانية تؤدي إلى تراجع الأخلاق وتراجع القيم الإنسانية وتدفع الإنسان إلى دوائر الاستلاب والاغتراب. وفي هذا السياق يرى روسو أن المجتمع ليس عقلانيا وأن الحداثة تفسد أكثر مما تقدمه من فوائد. وبالتالي ومن أجل تحقيق الوحدة بين الإنسان والمجتمع فإن الحداثة تؤدي إلى تأكيد السيادة السياسية التي توظف في خدمة العقل وهي سيادة تنمو وتزدهر على حساب الذات الإنسانية المتفردة. وبعبارة أخرى من أجل انتصار العقل والعقلانية يجب التخلي عن الذات الإنسانية بما تنطوي عليه هذه الذات من كرامة وخصوصية. وهنا يجب على الإنسان أن يخضع لعقله وتأملاته العقلية وذلك على حساب عواطفه ومشاعره وقيمه الخاصة. وعلى هذا الأساس يستطيع المرء أن يتدرج وأن يأخذ مكانه وحضوره في سياق وجوده الاجتماعي وذلك بوصفه عاملا أو جنديا أو مواطنا بدرجة أكبر من كونه سيدا لنفسه ولمصيره. وعلى هذا الأساس يتحول العقل إلى طاغية والعقلانية إلى قهر واستبداد تنتهك وجود الإنسان وتستلبه[41].

لقد شكلت الحداثة على مدى القرون الماضية دريئة للنقد من قبل مفكرين أفذاذ مثل ماركس ونيتشه وفرويد واستطاعوا أن يفندوا جميع الأسس التي قامت عليها الحداثة. وفي ظل هذه الانتقادات المتنامية طرحت العلاقة الإشكالية بين الجانب الذاتي في الإنسان (الذاتية الإنسانية التي تمثل الجانب الانفعالي والعاطفي من كرامة وحب وكراهية وأحاسيس ومشاعر وقيم وانتماءات) والعقلانية نفسها بوصفها إحدى أهم التحديات التي واجهتها مرحلة الحداثة. فالحداثة تؤكد العقلانية وهي لا تعير الجانب الذاتي الإنساني اهتماما كبيرا، وإذا كان تجاهل الجانب الذاتي في الإنسان يضع الحداثة في وضعية أزمة فإن تغييب الجانب العقلي لحساب الجانب الذاتي يضاعف من حدة هذه الأزمة. فالإنسان الذي يتجرد من عطاءات العقلانية يضع نفسه في زنزانات الهوية والنزعات الاعتباطية ويذوب في معاصر التعصب والتحيز والانكماش.

وتلك هي المعادلة الصعبة والحل المناسب هنا ليس في أن يختار الإنسان بين العقل أو الذات بل وعلى خلاف ذلك يتوجب على الإنسان أن يحقق التوافق بين الطرفين والتوازن بين الاتجاهين: بين العقل وبين الذات الإنسانية. وإنه لمن مظاهر الخطر الكبير تنامي هذا الانفصال بين الجانبين: بين العالم العقلي وبين العالم الذاتي في مستوى الإنسان الفرد كما في مستوى المجتمع، بين الحياة الخاصة وبين الحياة العامة للفرد. وغالبا ما تجد هذه المعادلة الصعبة مخرجها عبر عملية ديمقراطية تتميز بالقدرة الحقيقية على تحقيق علاقة التوازن بين الفرد والمجتمع بين المصلحة الخاصة للفرد وبين المصلحة العامة كما يؤكد في هذا السياق المفكر الأمريكي جون ديوي.

لقد فقدت الحداثة قدرتها على تحرير الإنسان بعد أن أدت دورها التاريخي، وفي هذا السياق يقول تورين: “بقدر ما تنتصر الحداثة بقدر ما تفقد قدرتها على التحرير، إن دعوة التنوير مؤثرة عندما يكون العالم غارقا في الظلام والجهل والعبودية[42]. ومن أجل تفسير هذا التناقض الكبير يشرح لنا تورين هذه الإشكالية، إشكالية التحرير والعبودية فيما بين عصر التقاليد وعصر الحداثة فيقول: “كنا نعيش في الصمت صرنا نعيش في الضجيج، كنا معزولين فصرنا ضائعين وسط الزحام، كنا نتسلم قليلا من الرسائل والآن تنهمر علينا كوابل من نار، لقد انتزعتنا الحداثة من الحدود الضيقة للثقافة التقليدية المحلية التي كنا نحياها وألقت بنا في جحيم الحرية الفردية، لقد ناضلنا ضد نظم الحكم القديمة الفاسدة وميراثها، أما في القرن العشرين فضد الأنظمة الجديدة والمجتمع الجديد والإنسان الجديد[43].

يعد الفيلسوف الفرنسي المعروف جان فرانسوا ليوتار Lyotard من كبار المفكرين الذين وضعوا الحداثة في قفص الاتهام وهو من أعلن نهايتها معلنا عن ميلاد عصر ما بعد الحداثة في كتابه المعروف الوضع ما بعد الحداثي La condition Postmoderne عام 1979. وهو في هذا السياق يعلن عن سقوط النظريات والإيديولوجيات الكبرى وعجز هذه النظريات عن قراءة الواقع أو تفسيره لأن هذه الأنساق الفكرية تعاني من الجمود والانغلاق وهي ليست قادرة أبدا كما يذهب أصحابها وروادها على تفسير العالم أو المجتمع ومن هذه النظريات الماركسية والوضعية والوجودية والبرغماتية وغيرها من النظريات الشمولية المعروفة.

ومن القضايا التي يناقشها جان فرانسوا ليوتار Jean-François Lyotard في هذا الجانب إشكالية الحتمية التي يعلن سقوطها تأسيسا على تطور العلوم الطبيعية والتاريخ[44]. فالحتمية تعلن إفلاسها أمام المستجدات العلمية الجديدة في القرن العشرين. لقد بينت الأحداث المتتابعة، على مدى القرن العشرين، أن التاريخ لا يأخذ خطا حتميا تحركه تتابعات المراحل، وحتميات التتابع التاريخي الذي أنبأت عنه الماركسية وغيرها. فالتاريخ الإنساني قد يأخذ خط التقدم، ولكنه قد يتراجع وقد ينهض من جديد أو يراوح في مكانه، فلا مكان لأقدار الحتمية وأفكار الغايات التي يسعى إليها التطور في منظور الأنساق الفكرية الكبرى[45].

مفهوم ما بعد الحداثة:

غالبا ما يحاصر المفكرون المفاهيم الجديدة بإيقاعات تصوراتهم الفكرية ومن هذا المنطلق نجد أن مفهوم الحداثة قد تشبع بتصورات وحدود عدد كبير من المفكرين العمالقة الذين وظفوا هذا المفهوم في منظوماتهم الفكرية. ومن هذه الزاوية نجد حالة من التنوع والاضطراب في تحديد مفهوم ما بعد الحداثة بصورة واضحة وجلية. لقد شكلت الانتقادات المنهجية التي وجهت إلى مفهوم الحداثة الأرضية العلمية التي تنامى في تربتها مفهوم ما بعد الحداثة ليأخذ صورته النقدية التي تغذيها روح فكرية نقدية نشطة ومتطورة. وقد لا نبالغ إذا قلنا بأن هذه الانتقادات التي تنامت في حقل الحداثة شكلت أيضا ينبوعا للتنظير العلمي المتقدم والإبداعي في ميدان ما بعد الحداثة. وتأسيسا على ذلك يمكن القول بأن مفهوم ما بعد الحداثة لا يأخذ أهميته بوصفه امتدادا زمنيا لحالات حضارية متعاقبة بل هو نسق من التصورات النقدية التي أبدعتها روح العصر المتجدد في مختلف ميادين الحياة الفكرية.

وفي غمرة الانتقادات التي وجهت إلى الحداثة وفي ملامح الأزمة التي تعيشها الحداثة دفعت بعض الباحثين إلى الاعتقاد بأن الإنسانية خرجت، تحت تأثير هذه الاختناقات الحضارية، من مرحلة الحداثة وبدأت مرحلة جديدة أطلق عليها ما بعد الحداثة. ويقدر فريق من هؤلاء الباحثين أن هذه المرحلة قد بدأت تاريخيا منذ عام 1968 وهي المرحلة التي عرفت بثورة الطلاب في مختلف عواصم العالم، وعلى خلاف ذلك يرى الفريق الآخر من هؤلاء الباحثين أن مرحلة [مابعد] الحداثة قد بدأت مع سقوط جدار برلين تعبيرا عن سقوط المنظومة الاشتراكية.

وفي هذا الخصوص يشير إيهاب حسن، أحد المنظرين في هذا المجال، إلى صعوبة تحديد مفهوم ما بعد الحداثة، ولكنه مع ذلك يقدم مجموعة من التصورات العلمية التي يمكنها أن تشكل العناصر الأساسية في بنية هذا المفهوم ومنها:

إن لفظ ما بعد الحداثة يوحي بفكرة الحداثة وهو بالتالي يتضمن بعد التوالي الزمني للعلاقة بين المفهومين.

لا يوجد إجماع بين النقاد على تعريف واضح لمفهوم ما بعد الحداثة.

مفهوم ما بعد الحداثة عرضة كغيره للتغير والصيرورة التي نلاحظها في المفاهيم الوليدة حديثا[46].

ومن هذا المنطلق يمكن الإشارة إلى موقف يورجين هابرماس Jurgen Habermas من هذا المفهوم في مقالة له بعنوان “الحداثة مشروع لم يكتمل” في عام 1981[47]، حيث يرى بأن لفظة ما بعد الحداثة Post-modernité  تمثل رغبة بعض المفكرين في الابتعاد عن ماض متشبع بتناقضات كبيرة وتعبر في الوقت نفسه عن سعي حثيث إلى وصف العصر الجديد بمفهوم لم تتحدد ملامحه بعد وذلك لأن الإنسانية لم تستطع أن تجد الحلول المناسبة للإشكاليات التي يطرحها العصر. ووفقا لهذه الصيغة يرى هابرماس بأن ما بعد الحداثة هي صيغة جديدة لمفهوم قديم (الحداثة) وأن ما بعد الحداثة محاولة لإثراء مرحلة الحداثة ذاتها وإتمام مشروعها حتى النهاية.

إن السمات الأساسية التي تنطلق منها حركة ما بعد الحداثة تتمثل في عدة اتجاهات أهمها:

ـ هدم الأنساق الفكرية الجامدة والإيديولوجيات الكبرى المغلقة وتقويض أسسها؛

ـ العمل على إزالة التناقض الحداثي بين الذات والموضوع بين الجانب العقلاني والجانب الروحي في الإنسان، وذلك من منطلق الافتراض بعدم وجود مثل هذه الثنائية الميتافيزيائية؛

ـ رفض الحتمية الطبيعية والتاريخية التي كانت سائدة في مرحلة الحداثة ولا سيما مفهوم التطور التعاقبي أو الخطي أو الزمني الذي يسجل حضوره في الأنساق الاجتماعية والحياة الاجتماعية[48]؛

ويصف إيهاب حسن مرحلة ما بعد الحداثة بالسمات التالية:

ـ فكر يرفض الشمولية في التفكير ولا سيما النظريات الكبرى مثل نظرية كارل ماركس، ونظرية هيغل، ووضعية كونت، ونظرية التحليل النفسي…إلخ.  ويركز على الجزئيات والرؤى المجهرية للكون والوجود؛

ـ رفض اليقين المعرفي المطلق ورفض المنطق التقليدي الذي يقوم على تطابق الدال والمدلول، أي تطابق الأشياء والكلمات؛

ـ يلح على إسقاط نظام السلطة الفكرية في المجتمع والجامعة، في الأدب والفن، والإطاحة بمشروعية القيم المفروضة من فوق في الأنظمة والمؤسسات الاجتماعية كافة[49].

وفي هذا السياق، يرفض أنصار ما بعد الحداثة مفاهيم حداثية مثل: العقل والذات والعقلانية والمنطق والحقيقة، فهي مقولات مرفوضة. والحقيقة وهم لا طائل منه، ذلك لأن الحقيقية مرتهنة بعدد من المعايير الخاصة بالعقل والمنطق وهذه بدورها مرفوضة أيضا[50].

إزاء هذه التناقضات التي نسبت إلى مرحلة الحداثة وعرفت بها، وفي مواجهة هذه الإشكاليات والتحديات، التي انبثقت عن التحولات التاريخية، في النصف الثاني من القرن العشرين، توجب على الإنسانية أن تبحث عن حالة توازن جديدة لتحقيق التوافق الاجتماعي الثقافي وتحقيق المصالحة بين العقل والروح، بين المظاهر المادية للحضارة والمظاهر الروحية، بين العقلانية والذاتية. وفي إطار البحث الإنساني عن مخارج حضارية جديدة للأزمات المتفاقمة جاءت مرحلة ما بعد الحداثة بأفكار وآراء ونظريات مرشحة لتقديم تصورات ذكية عن المخارج الحضارية الجديدة لتجاوز الاختناقات التاريخية القائمة.

ومرحلة ما بعد الحداثة لا ترفض عطاءات المرحلة الحداثية بل تأخذها وتعيد إنتاجها بصورة تتساقط معها مختلف التناقضات وتتكامل فيها مختلف جوانب الوجود الفكري والإنساني في لحمة واحدة. ما بعد الحداثة محاولة لإعادة ترتيب الإشكاليات المطروحة ومن ثم العمل على تنظيم تناقضاتها وإدماجه في حركة التطور الإنساني.

لقد شكلت التحولات الحضارية الجديدة مناخا فكريا لولادة أنظمة فكرية تتسم بطابع الذكاء والتعقيد والتكامل في الآن الواحد. وهذه الولادة الذكية جاءت تعبيرا عن وعي إنساني جديد يتميز بطابعه النقدي المتمرد. وفي هذا السياق يمكن أن نقف عند محورين إشكاليين أساسيين لمرحلة ما بعد الحداثة وهما إشكالية العلاقة بين العقلانية والذاتية من جهة وإشكالية التكاملية من جهة أخرى.

 

العقلانية والذاتية : La rationalisation et la subjectivation

استطاعت النزعة العقلانية في الحداثة أن تقتحم بوابات الجوانب الذاتية في الإنسان وأن تقوض حصون الروح الإنسانية بكل ما تنطوي عليه هذه الروح من مشاعر وأحاسيس وحدوس وقيم ذاتية. وتحت تأثير تموجات الحضارة المادية تشيأ الإنسان وتحول إلى موضوع لهذه النزعة الحضارية الجارفة. لقد تحول الإنسان إلى موضوع للمعرفة العلمية وترتب عليه أن يخضع لمقتضيات النزعة العقلانية وأن يتخلى عن عناصر الخصوصية التي تتميز بها الروح الفردية لديه.

وقد تجلت هذه الوضعية في الأنساق التربوية القائمة حيث عملت المدرسة على تأكيد هذا الانشطار بين الموضوع والذات، بين الإنسان باعتباراته الذاتية وبين العقل باعتباراته الموضوعية. فالمدرسة كانت تعلم التفكير العقلاني وتشدد على أهميته وتعارض مختلف مظاهر الذاتانية التي تتصل بالمشاعر والميول والعواطف والحدوس والخيال والقيم الذاتية والجمالية.

وفي ظل هذه الإكراهات المتنامية التي فرضها منطق العقل والعقلانية ظهرت اتجاهات فكرية واجتماعية تنادي بإعادة الاعتبار للذات الإنسانية بكل ما تشتمل عليه هذه الذات الإنسانية من خصائص ومضامين أخلاقية. واتضح هذا الاتجاه في المراحل الأخيرة من الحداثة وبداية مرحلة ما بعد الحداثة. وفي هذا السياق بدأت الأسرة تأخذ دورها في إعادة الاعتبار إلى الجوانب الروحية والذاتية في الإنسان وبدأت تتنامى أهمية النظرة إلى الإنسان بوصفه ذاتا وبدأت هذه الرؤية تأخذ مداها في مدار الحياة الأسرية. وفي هذه الأجواء لم يعد الزواج مجرد عقد اجتماعي صارم يقوم على أساس من الحقوق والواجبات التي يمليها القانون. وعلى خلاف ذلك بدأت الجوانب الإنسانية في دائرة هذه العلاقة الزواجية تأخذ أهميتها وخصوصيتها. وبدأ الأزواج ينفصلون عندما لا يجدون في دائرة حياتهم الزواجية الأبعاد الإنسانية والعاطفية الضرورية بين الزوجين. فالزواج لم يعد مجرد عقد قانوني بل أصبح عقدا إنسانيا وعاطفيا وانفعاليا يؤكد القيم الإنسانية في أكثر جوانبها خصوصية وأهمية. وبدأ الناس يجدون أنفسهم فيما بعد الحداثة ولا سيما في دائرة الحياة العائلية التي بدأت تغدق على أفرادها ما يحتاجونه من مشاعر إنسانية وقيم عاطفية ملحة وضرورية في حياة الأفراد والمجتمعات الإنسانية.

هذه التغيرات الجديدة في مجال الأسرة بدأت تطرح أهمية إعادة النظر في مفهوم الأسرة وأهمية تقديم تعريفات جديدة وتحديدات جديدة لهذا المفهوم. وتأتي أهمية هذا الموقف من وجود عناصر جديدة تتمثل في أن الحياة الأسرية بدأت في الغرب تتحرر من سطوة الكنيسة ورجال الدين ومن تأثير حطام الإيديولوجيات القديمة. [لكن هذا التحرر لم يكن غائباً في فترة الحداثة أو في فكر الحداثة] وفي هذه الأجواء أيضا بدأت الحياة الفردية تتحرر من صيغتها التقليدية وبدأت الحياة الأسرة تتمحور وبصورة متزايدة حول مبدأي الاستقلال الذاتي والتوافق.

إن ظهور النزعة الذاتانية لا يعني أبدا رفض العقلانية بل بقيت حيث وجب أن تبقى السلاح النقدي الأكثر قدرة وقوة ضد التسلط والشمولية. وهذا لا يعني أبدا أنه يجب علينا أن نتجاهل أن هذه العقلانية كثيرا ما كانت تضع الإنسان الفرد جانبا باسم العلم والموضوعية العلمية.

إن الخصوصية التاريخية لما بعد الحداثة تكمن في تعزيز هذا التقاطع التكاملي بين ذاتانية الفرد وعقلانيته، بين الجوانب الذاتية والجوانب الموضوعية للحياة الإنسانية. ولا يمكن اليوم إجراء المقابلات القديمة بين هذين الجانبين إلا في سياق الصورة التكاملية والجلية بينهما. فالإنسان يمكن أن يكون موضوعا للمعرفة العلمية دون أن ينتقص ذلك من خصوصيته الذاتية والإنسانية.

وهذه الخصوصية الذاتية للإنسان بدأت تتجلى في النسق الاجتماعي أيضا حيث نلاحظ تنامي الاهتمام بالجوانب الذاتية والشخصية للأفراد في دائرة حياتهم الاجتماعية. وهذا يعني أن الأنا يأخذ هيئة بناء يتكامل فيها مع الروح الاجتماعية ليتحول إلى فاعل اجتماعي. وفي هذا الخصوص يمكن القول بأن ما بعد الحداثة تعمل على تحقيق التكامل بين الفرد وأدواره الاجتماعية. وهذا التكامل هو الذي يضعنا في صورة الإنسان الذي يستطيع أن يواجه الأنظمة الاجتماعية القائمة، وأن يعمل على تغييرها بصورة مستمرة، وهذا يعني الإنسان الذي يستطيع أن يحدد مصيره وأن يرسم غايات وجوده بصورة عملية. فالإنسان يمتلك ذاتا وهوية شخصية فردية وهو في الوقت نفسه كائن اجتماعي وهو بجانبيه هذين يشكل لحظة واحدة لا تمايز فيها بين مكوناتها الشخصية والاجتماعية. وهذا يعني أنه يجب ألا يضحي بأحد هذين الجانبين لصالح الآخر ويجب ألا يتوارى أحدهما عندما يظهر الآخر في مجتمع ما بعد الحداثة. فمجتمع ما بعد الحداثة يتعارض مع أي صورة للوجود الإنساني يتعالى فيها أحد الجانبين على الآخر أو يؤدي إلى إزاحته. وعلى هذا الأساس يمكن القول بأن قوى الحضارة لا ترتهن اليوم بعملية النمو المعرفي وتنامي المعرفة العلمية والتكنولوجية فحسب، بل تجد هذه القوة نفسها في الإنسان وتتجلى في طاقاته الذاتية والإنسانية التي يمكنها أن تحرك الطاقة الحضارية للمجتمع.

لقد سبق لدوركهايم Emile Durkheim أن أعطى هذه القضية جل اهتمامه واستطاع بعبقريته المعهودة أن يميز بين جانبي الشخصية وأن يؤكد الوحدة بين هذين الجانبين. يقول دوركهايم في هذا الصدد: “يوجد في كل منا كائنان لا يمكن الفصل بينهما إلا على نحو تجريدي، أحدهما نتاج لكل الحالات الذهنية الخاصة بنا وبحياتنا الشخصية وهو ما يمكن أن نطلق عليه الكائن الفردي. أما الكائن الآخر، فهو نظام من الأفكار والمشاعر والعادات التي ننتمي إليها، مثل العقائد الدينية والممارسات الأخلاقية والتقاليد القومية والمهنية والمشاعر الجمعية من أي نوع كانت، وهي تشكل في مجموعها الكائن الاجتماعي الآخر. وبالتالي فإن بناء هذا الكائن الاجتماعي في كل منا يشكل في نهاية المطاف هدف التربية وغايتها[51].

وفي هذا السياق، يؤكد دوركهايم وهمية التصور بأنه يمكن الفصل بين هذين الجانبين حيث يقول: “إن المعارضة بين الفرد والمجتمع فكرة لا تتوافق أبدا مع معطيات الواقع، لأن هذين المفهومين يتداخلان ويترابطان. وبالتالي فإن الفعل الذي يمارسه المجتمع على الفرد لا يهدف أبدا إلى إفساد الفرد أو إلحاق الضرر به لأن بناء الفرد على نحو اجتماعي ضرورة إنسانية وحضارية[52].

التكامل والشمولية  : L’intégration

يرى بعض المفكرين أن الحداثة تضج بمظاهر التجزئة والتشظي والانشطار في مختلف مظاهر الوجود الاجتماعي والفكري. وأمام هذا الواقع تتجه القوى الحضارية لمرحلة ما بعد الحداثة إلى توحيد هذه الاتجاهات وعقلنة وجودها في سياق تكاملي. وهذا يعني البحث عن مبدأ التكامل في نسق الوجود الاجتماعي والإنساني وبالتالي تحقيق النقلة الواعية من مبدأ الفصل والاستبعاد إلى مبدأ الوحدة والتكامل والإنسانية. ومن أجل هذه الغاية يجب التدخل لتحقيق هذه الانسيابية في مستوى المعارف العلمية والتكنولوجية.

لقد بلغت المعرفة العلمية حالة مزرية من الفوضى والجزئية والتناقض، وقد خضعت هذه المعرفة لمبدأ التعدد المدرسي في كل اتجاه وحدب وصوب. وإذا كانت مرحلة الحداثة تؤكد هذه الوضعية وتعرف بها فإن ما بعد الحداثة تؤكد على أهمية الوحدة والتنسيق والتكامل والتبادل بين مختلف الاتجاهات والتيارات العلمية المتنافرة. وهي وفقا لهذا الاتجاه تبحث عن سياق تتكامل فيه هذه الاتجاهات لتشكل طاقة حضارية متجددة وفاعلة ودافعة إلى تحقيق التطور. [هذا يشبه موقف هوسرل]

وفي نسق رؤية نقدية لوضعية التجزؤ والفوضى المعرفية التي شهدتها مرحلة الحداثة يرى موران E.Morin أنه قد حان الوقت من أجل تجاوز وضعية التشتت والتجزئة والفوضى العلمية القائمة وإيجاد لحمة حقيقية بين التيارات والاتجاهات العلمية والفكرية المتنافرة. فالتيارات المتعددة يمكن أن تشكل العناصر الأساسية لنسيج علمي متطور يؤدي إلى بناء تكوينات علمية جديدة قادرة على توفير الشروط الحضارية لعملية إبداع متواصلة وحركة تجديد في مختلف ميادين الوجود والحياة.

وفي غمرة هذه التصورات الجديدة الداعية إلى الوحدة والتكامل بين عناصر الحياة الفكرية والاجتماعية يحدد ليوتار J.F.Lyotard اتجاه وغاية هذه النزعة إلى التجديد والشمولية. فالهدف من هذه النزعة حسب ليوتار لا يهدف إلى مجرد إحداث القطيعة مع الماضي وتفكيكه وإنما الهدف هو العمل على تطوير الأنظمة القائمة وتغذيتها بطاقة جديدة فاعلة في ميدان الإبداع والتجديد. وفي هذا السياق عينه ينظر ليوتار إلى التعقيد بوصفه صورة متقدمة لعملية التطور. وهذا يعني أن الأنظمة تصبح أكثر تطورا كلما أصبحت أكثر تعقيدا. ومن هذا المنطلق يمكن القول بأن تجاوز الازدواجيات والثنائيات في الفكر والإيديولوجيا والنظريات يعني في الوقت ذاته نهاية الأنظمة الفكرية الشمولية والنظريات الكبرى التي تحجرت وتصلبت تحت تأثير الانغلاق الإيديولوجي والتعصب الفكري.

وعلى خلاف الأنظمة المغلقة فإن النظام ما بعد الحداثي يبشر بحالة من الانفتاح الواسعة، وهذا الانفتاح يؤسس بدوره لمناخ يحفز على الإبداع وينضج بإمكانيات الابتكار والتجديد في مناحي الحياة المختلفة. فالتجديد يولد ويتوالد في قلب عملية الجدل والصراع والمواجهات والتعارض والتخاصب بين مختلف التيارات والاتجاهات التي يتوجب عليها أن تخرج من دوائر الجمود والانغلاق[53].

وهذه التصورات ما بعد الحداثية الجديدة، التي تعبر عن إرهاصات واقع متقدم، يضج بطاقات الإبداع والابتكار، ويسعى إلى البحث الدائم عن آفاق إنسانية جديدة، لا تتوانى عن إظهار بعض التحديات التي تواجه المصير الإنساني في هذه المرحلة المتقدمة من التطور. لقد كان الإيمان بالله في مرحلة ما قبل الحداثة هي الفكرة التي يخلد إليها العقل الإنساني وهي السكون التي تلجأ إليه النفس البشرية. فالإيمان بالله كان يمنح البشر هذا الإحساس الشامل بالأمن الوجودي الخلاق، ويغذيهم بطاقات وجودية خلاقة تمنحهم الاستقرار والسكينة والقدرة على مواجهة مختلف التحديات الوجودية التي تضع الإنسان في دوائر الخوف والقلق. أما فيما بعد الحداثة فإن غياب هذا الإيمان النبيل بوجود الله كقوة عليا حامية يدفع البشر إلى دائرة إحساس عميق لا حدود له بالقلق والخوف والتوتر. وهنا يمكن القول بأن غياب ما هو إلهي يؤدي إلى غياب ما هو إنساني وإلى حالة من القلق الوجودي والعصاب الذي يقهر كل الإرادات ويقض كل المضاجع ويضع الإنسان في حالة اغتراب لا حدود لها.

وفي دائرة هذا الاختناق الوجودي المفعم بالقلق والتوتر والعصاب يجب على الإنسان أن يواجه عالما يفيض بالخطر الدائم. وهذا يعني أنه يجب على الإنسان أن يتكيف مع هذا الواقع الجديد وأن يتعايش مع هذا الخطر المستمر والألم الوجودي المزمن، كما يتعايش مع أي مرض له طابع الاستمرارية الزمنية. ولا يبقى في جعبة الإنسان المعاصر إلا البحث الدائم عن صيغ جديدة وإبداعات جديدة يمكنها في سياق عملية التطور أن تخفف من حدة هذا الخطر وغلواء الشعور بالقهر الإنساني الذي تولده كل آليات الاستلاب الحضاري القائمة.

نحن والحداثة :

يجري الاعتقاد، في أوساط كثير من المثقفين العرب، أن الحداثة عملية يتم من خلالها نقل الأفكار الغربية والتكنولوجيا المتقدمة إلى الأقطار العربية، وعلى أساس هذا المنطق يعرف عبد الغفار رشاد الحداثة بوصفها “الأفكار والمعايير والقيم والمؤسسات ونماذج السلوك الجديدة الوافدة إلى المجتمع من الخارج، أو تلك التي ابتكرها المجتمع من خلال حركة تجديد أو إحياء داخلية[54]. وهذا يعني أن الحداثة يمكن أن تتحقق بكل بساطة مع انتقال المعلومات والمعارف والتكنولوجيا إلى البلدان العربية.

إن مجرد الحصول على المال والرجال والتكنولوجيا لا يعني في أي حال من الأحوال تحقيق الحداثة. وذلك لأن الحداثة عمل وفعل يجد نفسه في أعماق القوى الفاعلة في المجتمع. الحداثة فعل جوهري يحدث في الروح الدافعة للتطور والوجود، إنها طاقة تنوير هائلة تلامس الروح والعقل بالدرجة الأولى. وهذا يعني أن الحداثة لن تتحقق أبدا عبر المظاهر وأنها رهينة الروح الحضارية التي تتمثل في تفجير طاقات العقل وبناء الروح العلمية التي تستمد نسغ وجودها من القيم الإنسانية الحضارية التي تتعلق بالحرية والإنسان والمدنية والقيم الديمقراطية.

وفي معرض التمييز بين الحداثة الغربية والحداثة العربية، يقول محمد محفوظ، إشارة منه إلى عقم الحداثة العربية وبقائها في مستوى الشعارات: “الحداثة الغربية كانت وليدة تطور تاريخي-اجتماعي لا يمكننا تجاوزه.. وبالتالي فالحداثة ليست شعارات وأشكالا سياسية، بل هي قبل ذلك كله صيرورة تاريخية-اجتماعية يصل إليها المجتمع بعد حقبة تاريخية من العمل المتواصل والجهد المركز في هذا السبيل[55].

وهذا يعني أنه يجب علينا في البداية وفي الجوهر أن نطهر ساحة الفكر العربي من الأوهام والغيبيات والخرافات التي تعطل العقل وتبدد كل إمكانيات التطور والإبداع الإنساني وتدفع بالإنسان إلى دوائر العطالة والجمود. وفي هذا المقام يقول حسن صعب: “إن بطء هذا التغير العقلي المنهجي هو المسؤول الأول عن بطء التقدم في العالم العربي وفي سائر أنحاء العالم الثالث. فالشرط الأول للتقدم هو في عقل الإنسان. والإنسان الواعي لتخلفه وتقدم غيره هو الذي يندفع في طريق التقدم[56].

لقد استطاع الغرب أن يحقق اليوم حداثته وأن يتجاوزها في الآن الواحد. والغرب الآن يحاكم مرحلة جديدة من تطوره هي مرحلة ما بعد الحداثة. حيث يواجه تحديات جديدة وقضايا جديدة تختلف كليا عن هذه التي طرحت في مرحلة ما بعد الحداثة.

فالفكر الأوروبي يشكل منطقة يترعرع فيها منطق وفكر ما بعد الحداثة، أما نحن فما زلنا نجوب مخفقين في دائرة الحداثة بمفهومها التنويري المرتبط بفكرة التقدم فقط. وحتى التقدم هنا لا يأخذ معناه النقدي بل صيغته الاقتصادية الإنتاجية البحتة وأحيانا صورته المظهرية، وهو تقدم بائس وحداثة مشوهة[57].

وباختصار إذا كان الغرب اليوم يصول في حقل معرفي جديد وإذا كان يواجه مشكلات ما بعد الحداثة، ومشكلات ما بعد المجتمع الصناعي، فهل يمكننا أن نقول بأننا ما زلنا نواجه تحديات ما قبل المجتمع الصناعي ومشكلات ما قبل الحداثة؟ وأخيرا ألا يحق لنا أن نتساءل عن الوقت الذي تبدأ فيه حركة حداثتنا؟  

 

 

[1] – آلان تورين، نقد الحداثة، ترجمة أنور مغيت، المجلس الأعلى للثقافة، المطابع الأميرية، القاهرة 1992، ص16.

[2] – بومدين بوزيد، الفكر العربي المعاصر وإشكالية الحداثة، ضمن مركز دراسات الوحدة العربية، قضايا التنوير والنهضة في الفكر العربي المعاصر، العدد 18، بيروت، ص19-31، ص21.

[3]  – Danilo Martuccelli, Sociologie de la modernité, E.Gallimard, Paris, 1999.

[4]  – Jean-Pierre Pourtois et Huguette Desmet, L’éducation postmoderne, P.U.F, Paris, 1997, p26.

[5]  – A.Giddens, Les conséquences de la modernité, Harmattan, Paris, 1994.

[6]  – Tom Rock More, (La modernité et la raison, Habermas et Hegele), In Archives de philosophie 52, 1989, p177-190.

[7] – سمير أحمد جرار، (التربية العربية ومأزق الثنائية المتوهمة، الحداثة والتغريب)، ضمن: الجمعية الكويتية لتقدم الطفولة العربية، العرب والتربية والعصر الجديد، الكتاب السنوي الثالث عشر، الكويت، 1997-1998، (ص57-90)، ص63.

[8] – انظر جابر عصفور، (إسلام النفط والحداثة) ضمن الإسلام والحداثة، ندوة مواقف، لندن، دار الساقي، 1990، ص177-209.

[9] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، المركز الثقافي العربي، الدار اليبضاء، ، 1998، ص33.

[10] – سمير أحمد جرار، التربية العربية ومأزق الثنائية المتوهمة،  مرجع السابق، ص63.

[11] – غانم هنا، عبد الله الغذامي، مرسل العجمي، ناصيف نصار، ندوة حول عناصر الحداثة في الفكر العربي المعاصر، عدد 61، السنة 16، شتاء 1998، ص218-247، ص221.

[12] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، مرجع السابق، ص27.

[13] – نقلا عن محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، المرجع السابق، ص45.

[14] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، مرجع السابق، ص35.

[15] – جمال الدين الخضورمأساة العقل العربي: دراسة في البناء الأنتروبولوجي الثقافي المعرفي العربي المعاصر، دار الحصاد، دمشق، 1995، ص119.

[16] – برهان غليون، اغتيال العقل، محنة الثقافة العربية بين السلفية والتبعية، دار التنوير للطباعة والنشر، بيروت، 1987، ص184.

[17] – برهنة غليون، اغتيال العقل، مرجع سابق، ص185.

[18] – برهان غليون، اغتيال العقل، مرجع سابق، ص194.

[19] – عبد الغفار رشاد، التقليدية والحداثة في التجربة اليابانية، مؤسسة الأبحاث العربية، بيروت، 1984، ص28.

[20] – عبد الغفار رشاد، التقليدية والحداثة في التجربة اليابانية، مرجع سابق، ص32.

[21] – عبد الله عبد الدايم، التربية عبر التاريخ: من العصور المسيحية حتى أوائل القرن العشرين، دار العلم للملايين، بيروت، 1978، ص354.

[22] – جلال أمين، حول مفهوم التنوير، ضمن ، قضايا التنوير والنهضة في الفكر العربي المعاصر، مركز دراسات الوحدة العربية. بيروت، ص19-31، ص76.

[23]  – E.Kant, Réponse à la question : Qu’est-ce que les lumières ? Flamaration, Paris, 1990.

[24]  – E.Kant, Réponse à la question : Qu’est-ce que les lumières ? ibid.

[25] – عياض ابن عاشور، الضمير والتشريع، العقلية المدنية والحقوق الحديثة، المركز الثقافي العربي، الدار البيضاء، الطبعة الأولى 1998، ص13.

[26] – بومدين بوزيد، الفكر العربي المعاصر وإشكالية الحداثة، مرجع سابق، ص22.

[27] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، مرجع السابق، ص32.

[28] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، المركز الثقافي العربي، الدار البيضاء، الطبعة الأولى، 1998، ص33.

[29] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، مرجع سابق، ص36.

[30] – انظر عياض ابن عاشور، الضمير والتشريع، العقلية المدنية والحقوق الحديثة، المركز الثقافي العربي، الدار البيضاء، 1998، ص14 و15.

[31] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، مرجع سابق، 1998، ص27.

[32] – محمد سبيلا وعبد السلام بنعبد العالي، الحداثة، دفاتر فلسفية، دار توبقال للنشر، الدار البيضاء، 1996، ص12.

[33] – محمد سبيلا وعبد السلام بنعبد العالي، الحداثة، المرجع السابق، 1996، ص17.

[34] – محمد سبيلا وعبد اللام بنعبد العالي، الحداثة، مرجع سابق، ص62.

[35] – عياض بن عاشور، (العقلية المدنية العربية تجاه الحداثة)، لوموند ديبلوماتيك، الطبعة العربية، 1989.

[36]  – A.Touraine, Critique de la modernité, Fayard, Paris, 1993.

[37]  – Jean-Pierre Pourtois et Huguette Desmet, L’éducation postmoderne, PUF, Paris, 1997, p27.

[38] – آلان تورين، نقد الحداثة، ترجمة أنور مغيت، مرجع سابق، ص29.

[39]  – A.Touraine, Critique de la modernité, Fayard, Paris, 1993, p241.

[40]  – L’encyclopédie française universaliste, Livre numéro 20, Paris, 1995, p318.

[41]  – Jean-Pierre Pourtois et Juguette Desmet, L’éducation postmoderne, PUF, Paris, 1997, p29.

[42] – آلان تورين، نقد الحداثة، ترجمة أنور مغيت، المجلس الأعلى للثقافة، المطابع الأميرية، القاهرة، ص129.

[43] – آلان تورين، نقد الحداثة، مرجع سابق، ص129.

[44]  – Jean François Lyotard, La condition postmoderne, Minuit, Paris, 1979.

[45] – عصام عبد الله، (الجذور النيتشوية لـ”ما بعد” الحداثة)، الفلسفة والعصر، العدد الأول، أكتوبر، 1999، ص229-248، ص232.

[46] – عصام عبد الله، الجذور النيتشوية لـ”ما بعد” الحداثة، المرجع السابق، ص232.

[47]  – Jurgen Habermas, (La modernité, un projet inachevé), Critique, n° 413, Octobre, 1981, pp950-967.

[48] – عصام عبد الله، الجذور النيتشوية لـ”ما بعد” الحداثة، مرجع سابق، ص237.

[49] – بومدين بوزيد، (الفكر العربي المعاصر وإشكالية الحداثة)، ضمن مركز دراسات الوحدة العربية، قضايا التنوير والنهضة في الفكر العربي المعاصر، العدد 18، بيروت، ص19-31، ص21.

[50] – عصام عبد الله، الجذور النيتشوية لـ”ما بعد” الحداثة، مرجع سابق، ص238.

[51] – إميل دوركهايم، التربية والمجتمع، ترجمة علي وطفة، الينابيع، دمشق، 1994، ص133.

[52] – إميل دوركهايم، التربية والمجتمع، المرجع السابق، ص77.

[53]  – Jean François Lyotard, La condition postmoderne, Minuit, Paris, 1979.

[54] – عبد الغفار رشاد، التقليدية والحداثة في التجربة اليابانية، مؤسسة الأبحاث العربية، بيروت، 1984، ص25.

[55] – محمد محفوظ، الإسلام، الغرب وحوار المستقبل، مرجع سابق، ص47.

[56] – نقلا عن برهان غليون، اغتيال العقل، مرجع سابق، ص184 (حسن صعب، تحديث العقل العربي، ص19).

[57] – بومدين بوزيد، الفكر العربي المعاصر وإشكالية الحداثة، مرجع سابق، ص22